Nicolas Cauchy

Publié le par Livrovore

Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mais moi, quand j'ai tourné la dernière page d'un livre, j'ai souvent envie de poser des questions à l'auteur. Savoir telle ou telle chose sur les personnages, sur l'histoire ou l'écriture du livre. Malheureusement, c'est rarement possible d'échanger avec l'écrivain. Cette fois, suite à la lecture de "La véritable histoire de mon père", j'avais l'auteur "sous la main", si vous me passez l'expression. Alors je lui ai posé les questions dont j'avais envie de connaître les réponses à la suite de ma lecture, et je vous les livre telles quelles :

Comment vous est venue l'idée du sujet de ce livre ?
Dans mon esprit, l’infanticide n’a jamais été le sujet du livre, mais la cause, la faute, le moteur de la fuite en avant de Simon. Je cherchais une situation dans laquelle le personnage ne pourrait plus revenir en arrière, avec laquelle il n’y aurait aucun compromis possible. C’est surtout l’idée d’un homme mort parmi les vivants qui m’intéressait. Mais Simon était-il vivant avant son geste ?
Pour moi, c’est plus une histoire de suicide déguisée en meurtre
.


Comment choisissez-vous les prénoms de vos personnages ?
Il y a avait ce jeu de mot avec Hélène / Electre qui a un peu disparu dans la version finale, car Hélène avait à l’origine un frère, Thomas, qui venait la sauver en tendant un piège à leur père. Mais Thomas a été supprimé pour recentrer l’action.
Hélène est un prénom classique, de tragédienne – en tout cas dans mon esprit – qui m’allait bien dans cette tragédie familiale. Sa petite sœur n’est jamais nommée, ce qui est bien sûr très symbolique.
Nathalie, c’est le prénom passe partout d’un personnage qui représente la dimension sociale, la moyenne, l’intégration, les valeurs constructives.
Et puis Simon, qui me semble être le prénom un peu en décalage avec l’âge du personnage, ce qui le rendait assez sexy à mes yeux.




Quand écrivez-vous ? Avez-vous un emploi du temps défini par jour, ou est-ce "quand ça vous vient" ?
C’est ma croix : je ne peux écrire que très tôt le matin, c'est-à-dire entre 5h et 7h30, ce qui conditionne toute ma vie sociale. Avec le temps, mes conditions d’écriture sont devenues plus souples : je n’ai plus besoin d’être absolument seul ou dans un calme absolu, mais je ne suis jamais parvenu à écrire une seule ligne après 18h…



Choisissez-vous le titre avant ou après avoir écrit la totalité du roman ?
Le titre m’est venu en cours d’écriture, lorsque j’ai réalisé qui était le narrateur. J’aimais bien cette idée de mettre une clef du livre dans le titre. Il y a quand même eu quelques critiques de ce côté-là. Des lecteurs l’ont trouvé fade ou trop explicite, comme vous par exemple, si j’ai bien compris votre « papier ».


Vous arrive-t-il de le relire encore ?
Non. Cela peut sembler paradoxal mais, lorsque le livre est terminé, il cesse de vous appartenir et aussi de vous intéresser. Vous passez à un autre projet. Évidemment, il y a tout ce buzz que j’ai tenté de créer, avec cette aventure marketing à laquelle vous avez participé. Mais là, on est dans une démarche purement commerciale, j’agis sous une autre casquette.


Trouvez-vous des défauts à votre roman ? Lesquels ?
Beaucoup de fautes de style, des phrases mal construites qui me font penser « Comment j’ai pu laisser passer ça ! ». J’aurais sans doute pu aller plus loin, ce qui m’a été reproché à juste titre, par Holly par exemple. Mais je suis plutôt dans le « pas assez », que le « trop ». J’élague beaucoup.


Quelles sont selon vous les principales qualités de votre roman ?
Je crois que c’est un récit dans lequel on ne s’ennuie pas. C’est ce que je voulais écrire, une histoire qu’on ne lâche pas et dont on ressort avec le sentiment d’avoir « vécu » quelque chose, une expérience comme l’a écrit Thom.


Est-ce que ça a été difficile de se faire publier ?
Oui et non. Le livre a vite été repéré par Albin Michel. Mais ensuite, pendant un an, ça a été une succession de rebondissements très éprouvants, un genre de passage de l’euphorie au désespoir…. Si ce livre est entré dans le circuit, c’est grâce à Laurent Bonelli qui était le responsable de la librairie Virgin sur les Champs, et qui est mort en décembre dernier.


Quel est le sujet de votre prochain livre ?
Autant l’argument de « La véritable… » est facile à résumer, autant je bute sur celui qui devrait s’appeler « De manière à connaître le jour et l’heure ». Une histoire familiale, encore, la disparition de la figure paternelle et les conséquences sur les membres de la famille. Un récit à sept voix.


Avez-vous d'autres choses à ajouter ?
Oui, je voudrais parler de ce que vos critiques à toutes / tous m’ont apporté.

Quoi qu’on puisse en penser, proposer son livre à la critique, c’est prendre un risque. J’ai toujours ressenti une certaine angoisse avant chacune de vos publications, en me demandant « Qu’est-ce qu’elle va en dire ? », « Et si elle n’avait pas aimé ? ». Il se trouve que tous les retours ont été bons, ce qui me rassure, bien évidemment, mais ne me prépare pas à la suite, aux inévitables mauvais retours des prochains…

Vos critiques m’ont également permis de prendre du recul sur le récit, d’imaginer comment le livre pouvait être perçu. J’ai souvent lu, chez vous par exemple, mais aussi chez
Clarabel, Lily ou Hélène pour ne citer qu’elles, une certaine répulsion à l’égard de Simon, ce qui m’a beaucoup surpris. Pour moi, c’était un homme en souffrance, mort déjà, comme je l’ai dit plus haut et pour cela, forcément, je l’avais pris en pitié.

Enfin, vos critiques m’ont permis, en tant qu’auteur, de créer un lien, éphémère sans doute, avec vous, lectrices. Et dans ce monument de solitude qu’est l’écriture, connaître un peu ses lecteurs, via vos mails, petits mots sur le livre et critiques, c’est une très agréable démarche, qui sort même du cadre du livre.

Merci pour cette interview sur la terrasse du Café de la Paix, à Paris… :-)

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G
SI tu m'interviewes un jour au champagne, l'avantage c'est que je répondrai à toutes les questions avec un immense optimisme et une grande détente :-D Mais on peut aussi boire du champagne sans interview, un tiens vaut mieux que deux tu l'auras ;-)
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L
Je suis tout à fait d'accord :-)
G
Très belle interview, je suis contente d'en savoir un peu plus sur Nicolas après avoir lu beaucoup de critiques élogieuses sur son livre.Et toi tu as des talents d'intervieweuse !Dis donc une interview au champagne, quelle classe :-))
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L
Peut-être que je t'interviewerai et qu'on boira du champagne aussi :-))
T
Hum...il manque un détail important : la bière était-elle bonne ? :-)
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L
Non mais attends, comme l'a dit Nicolas sur son blog, c'était carrément champagne !! <br /> :-P
T
Contente de te lire à nouveau, Livrovore ! Apparemment, tu ne t'es rien cassé au ski ! Ouf !
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L
Coucou à tous, et merci pour vos messages !<br /> Oui, mes vacances se sont bien passées et tous mes os sont entiers, merci de vous en inquiéter !  :-)
L
Belle interview Livrovore. la rentrée dmarre fort :-)
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